Pasquale de Paoli (1725-1807)

La Corse au cœur de l’Europe des Lumières.

Cette exposition, a été organisée à l’occasion du bicentenaire de la disparition de Pasquale de’Paoli, chef d’État, humaniste et général, célébré par l’Europe intellectuelle et politique des Lumières.

Plus de 200 œuvres et documents venus d’Angleterre, d’Ecosse, de France, d’Italie et du Vatican rappellent l’étonnante destinée d’un précurseur dont la France, sauf la Corse bien entendu, a occulté la mémoire et l’action.

Gageons que cette exposition, comme la publication très documentée qui l’accompagne, contribuera à réintégrer à la place qu’il mérite ce héraut des valeurs universelles et de la liberté, initiateur de la Constitution corse et l’un des inspirateurs de celle de l’Amérique de George Washington.

« Toute l’Europe est corse »
Cette phrase de Voltaire résume la pensée des contemporains, alliés ou adversaires du général des Corses, au sujet de Paoli, dont la légende, de son vivant, passionne l’Europe des Lumières. Né à Morosaglia en 1725, à 14 ans il accompagne en exil, son père Hyacinthe, l’un des insurgés corses réclamant aux Génois l’indépendance de l’île. A Naples, il suit les cours de l’Académie Royale et intègre le Royal Farnèse. Influencé par la pensée de Genovesi, il retire de ses études un goût pour l’histoire et les antiques (Tite-Live, Polybe et Plutarque), une culture républicaine puisée chez Machiavel et un attachement particulier à la Constitution anglaise, qu’il connaît par la lecture de L’Esprit des Lois de Montesquieu et par différents auteurs anglais. Sa vie durant, il s’attachera à mettre en pratique les préceptes de ces philosophes et les idéaux de sa jeunesse.

« Pour nous, le peuple c’est la nation toute entière (…) L’Egalité ne doit pas être un vain mot »
En 1755, Paoli revient en Corse pour prendre la tête de l’insurrection contre les Génois et il est élu les 14 et 15 juillet général de la Nation. Dès novembre, fondant le premier État démocratique de l’Europe des Lumières, il proclame une constitution, qui stipule notamment le peuple souverain comme seule source légitime de pouvoir et l’égalité devant la loi. Pendant quatorze années de gouvernement, Paoli va affirmer l’existence d’une nation, frapper une monnaie, créer une flotte, lever une armée et fonder une université.

Une renommée internationale
Les activités de Paoli intéressent les Insurgents américains, passionnent B. Franklin, un des pères de la Révolution américaine de 1776, ainsi que Jefferson, au point qu’aujourd’hui encore, son buste reste exposé dans la maison du troisième Président des Etats-Unis à Monticello en Virginie. Popularisée par James Boswell dans An account of Corsica, son action crée un engouement dans toute l’Europe éclairée au point que Rousseau ait envisagé un temps de participer à l’élaboration de la future constitution que Paoli prévoit pour la Corse en 1764.

La défaite et la gloire
A l’été 1768, les troupes françaises organisent la conquête de la Corse. Après plusieurs mois de résistance, Louis XV envoie une armée de 22.000 hommes qui déferont les troupes paolistes à la bataille de Ponte Novu le 8 mai 1769. La Corse perd une nouvelle fois son indépendance. Paoli quitte l’île, et traverse l’Europe pour rejoindre Londres. Au cours de ce périple exceptionnel, il rencontre un accueil enthousiaste. Il est « le paladin de la Liberté », reçu par les autorités des différents États et les grands intellectuels de son temps, comme Goethe.

Un exil de « chef d’Etat »
Commencent alors de longues années d’exil en Angleterre où Paoli est reçu comme un chef d’État. Il y rencontre tout ce que l’Angleterre compte de grands esprits, Samuel Johnson et Joshua Reynolds, Daniel Defoe, Edmund Burke et John Pringle. Il est peint par Lawrence et par Cosway, sculpté par Cerrachi et Flaxman. Paoli mène une vie mondaine intense et intègre des clubs très fermés, le Literary Club ou la Royal Society ; franc-maçon, il est admis en 1778 à la Loge des Neuf Muses, visite Boswell en Écosse et découvre l’Angleterre des débuts de la Révolution industrielle.

Paoli au temps de la Révolution française
En 1789, les révolutionnaires corses demandent le retour du grand homme à la Constituante. Le 30 novembre, l’Assemblée, tout en affirmant que la Corse est désormais « partie intégrante de l’Empire français », ce que Paoli accepte, proclame le nécessaire retour des exilés. Paoli rentre à Paris où il rencontre Louis XVI ; il est introduit dans la société française par La Fayette, Mirabeau et Robespierre qui déclare aux Corses : « Généreux citoyens, vous avez défendu la liberté dans un temps où nous n’osions l’espérer encore. Vous avez souffert pour elle ; vous triomphez avec elle et votre triomphe est le nôtre ». Après avoir exprimé publiquement son attachement aux idées de la Révolution qui commence, Paoli entame une triomphale traversée de la France ; il arrive en Corse, désormais département français, le 14 juillet 1790, où il est acclamé, entre autres, par le jeune Napoléon Bonaparte. Tous les pouvoirs, administratifs, politiques et militaires lui sont donnés. Mais, il a près de 70 ans et l’entente s’avère difficile avec les jeunes révolutionnaires insulaires, les Bonaparte, Arena, Saliceti, Pozzo di Borgo. Il soutient l’application de la Constitution civile du clergé, installe la nouvelle administration révolutionnaire. À l’été 1792, confronté à sa succession, Paoli ne tranche pas entre les prétendants, Christophe Saliceti et Charles-André Pozzo di Borgo.

De la rupture à l’exil
En 1793, Paoli, inquiet du risque de voir la Convention imposer ses décisions par la force à la Corse, rompt avec la République, et sollicite l’Angleterre. Considéré comme traitre, il est déchu de son commandement par Paris. Un Royaume anglo-corse placé sous l’autorité d’un vice-roi anglais est constitué en 1794, avant que les troupes de Bonaparte ne reprennent l’île. À la fin de 1795, Paoli regagne une nouvelle fois l’Angleterre, où il meurt en exil en février 1807..

Commissaire : Luigi Mascilli Migliorini, Professeur d’histoire moderne à l’Université de Naples L’Orientale.

Scénographie : Yves Kneusé, architecte-scénographe

Président du conseil scientifique: Antoine-Marie Graziani, professeur des universités à l’IUFM de la Corse, historien et écrivain

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