A citadella di Corti da scopre

Le magasin à poudre

Dans les constructions militaires, le magasin à poudre est un élément essentiel des places fortes. « La chose la plus importante pour l’artillerie est d’avoir de la poudre toujours égale à elle-même » dira le Général Peixans au début du XIXème siècle. En effet, la poudre noire (un mélange de salpêtre, de soufre et de charbon de bois) est très sensible à l’humidité, ce qui influe sur la portée et la justesse des tirs. Elle est aussi très sensible aux étincelles comme le montrent les nombreux accidents qui ont parsemé l’histoire des catastrophes.

Le magasin à poudre

Construit entre 1780 et 1784, il est conforme à un plan type que l’on retrouve dans de nombreuses places fortes continentales. La peur constante de l’accident ou de l’attentat impose ce plan-type de magasin immuable, conçu pour que le souffle de l’explosion monte à la verticale, pour limiter la mort de masse ; les murs sont donc très épais et contrefortés, portant une voute isolée par une épaisse couche de terre, le protégeant des impacts des boulets de canon.

Situé en arrière de la courtine reliant les bastions 4 et 8 (la moins exposée aux attaques) et protégé par le château, il est indécelable des hauteurs environnantes. Il remplace les magasins installés dans le Nid d’Aigle (donjon et cachot de la Volpe) qui connaissaient des problèmes d’humidité et étaient trop exposés aux tirs ennemis. 

Descroix, capitaine du Génie (relevé) et Soumes (Dessin). Plan et profil du magasin à poudre de la place de Corte, avec projet d’un plancher et d’une couverture pour rendre ce bâtiment propre à sa destination Papier aquarellé 1783 ( ?) - Inv.GR 1VH 672 53 © Service historique de la Défense, Vincennes

Il pouvait contenir 21 tonnes de poudre. Mais, pour les besoins de la garnison, seuls 200 barils de poudre de 50 kg et 176 caisses de cartouches y étaient emmagasinés.

Le plancher est formé de deux étages de caillebotis en bois pour protéger les tonneaux de poudre de l’humidité du sol. Pour éviter qu’un projectile incendiaire ne soit introduit par les dix barbacanes (ventilations en chicane), le magasin est entouré d’un mur et de galeries d’assainissement l’isolant du reste de la citadelle. Au milieu du XVIIIe siècle, les Anglais vont dresser des rats kamikazes introduits par les barbacanes avec un pétard accroché à la queue, qui vont entrainer l’obligation de placer des plaques de bronze ne laissant passer que l’air.

Les objets en fer sont prohibés dans les magasins à poudre :  les clous, gonds et serrures sont en bronze pour éviter toute étincelle et les hommes ne doivent y pénétrer qu’en sabots de bois. De plus, il est interdit de rouletter ou brouetter les barils qui doivent être transportés dans des civières en toile.

Les barils de 50 kg sont dangereux car la poudre peut s’en échapper s’ils sont mal cerclés. Ils sont donc remplacés en 1875 par des caisses de bois doublées de zinc, de plomb ou de cuivre et facilement empilables.

En 1877, un nouveau magasin à cartouches est construit pour entreposer 1 002 000 cartouches d’infanterie modèle 1866. « Elles peuvent être enfermées dans 290 caisses blanches de 3456 cartouches, soit dans 663 caisses blanches n°2 de 1512 cartouches ».

Une précision toute militaire pour une citadelle qui ne jouera plus aucun rôle défensif trois ans plus tard.